vendredi 13 avril 2012

Ceci n'est pas le Xième message du blog...

c'est plus un billet d'humeur. Alors, passez votre lecture si ce genre d'exercice vous agace, ou si vous êtes là pour rigoler. C'est pas le jour... misère.
Quand j'étais ado, comme bon nombre de mes copines, je rêvais de sauver le monde. Jeune adulte, je vendais des biscuits pour Sentinelles, l'association d'Edmond Kaiser, et je faisais signer toutes sortes de pétitions en faveur de mes amies les bêtes. J'y croyais dur comme fer. 
Aujourd'hui, je ne vends plus de biscuits... je les mange. Il m'arrive encore de faire signer des pétitions, mais plus dans la rue... En 2010 et 2011, c'était pour les phoques et contre la corrida, deux combats menés par Franz Weber. Comme tous les idéalistes utopiques, il en a traversé des déceptions, des chagrins, des colères, cet homme-là.
 Mais il a aussi gagné quelques combats, donc celui de la corrida, justement. il aura voué sa vie à défendre avec ferveur ses convictions. J'aime ces gens combattants qui consacrent leur énergie à soulever des montagnes pour changer les choses. C'est peut-être pour ça qu'ils peuvent paraître agaçants. Mais c'est aussi pour ça qu'ils méritent le respect. Même si leurs causes ne sont pas toujours honorables.
Ces temps-ci, c'est notre fille Marie qui rêve de changer le monde. Elle imagine comment elle pourrait aider les pauvres gens et sauver les animaux. Ah, tout ce qu'elle ferait si elle avait beaucoup d'argent! J'aime l'écouter s'enflammer, exposer des projets, . Elle me donne envie de redevenir ado, quand j'y croyais aussi.
La misère, on la croise dans les rues du monde entier, donc forcément aux Etats-Unis aussi.
 On l'a vue au Big Bend avec les Mexicains; on la voit régulièrement sur la route, lorsqu'on est arrêté à un feu et que des pauvres diables viennent à notre fenêtre quémander quelques sous; 
on la voit dans les rues à travers le regard des mendiants, parfois sévèrement handicapés, parfois non;
 on la devine dans les habitations qu'on aperçoit depuis notre maison lorsqu'on trace la route; 
ou encore l'autre jour, ce couple qui campait dans un terrain vague à côté du Walmart de Carlsbad City et qui trimballait sa vie dans un caddie.
 A chaque fois, c'est un pincement au coeur. Alors, on donne quelques dollars, pas pour se donner bonne conscience, juste par pitié. C'est pas très glorieux, mais c'est comme ça. Du moment qu'on a le nécessaire, le reste s'appelle du superflu. Et du moment qu'on a du superflu, on peut bien en partager un peu, non?
Aujourd'hui, 7 avril, on est tranquille dans un joli coin réservé aux tentes et camping-car à deux pas de la petite ville de Chinle et du canyon de Chelly, raison de notre étape ici. Nous sommes au coeur de la réserve indienne navajo. Ce territoire comprend une dizaine de parcs nationaux, dont le Canyon de Chelly et Monument Valley: 175'000 navajos répartis sur 69'000 km2...  quand on sait que la Suisse recouvre 41'290 km2, ça donne une petite idée...
 Ce matin, Marc est venu frappé à la porte pour nous proposer d'acheter une de ses oeuvres. On connait son nom car il a signé devant nous la pierre qu'il a gravée de dessins symboliques. On lui l'a achetée 20 dollars

C'est la suite logique de notre journée d'hier, quand on est arrivé à Chinle.
Déjà aux abords de cette petite ville, on sent la misère. Elle nous pique les yeux. Et quand on entre dans la ville, elle nous serre le coeur. Ca commence par les chiens et les déchets qui trainent un peu partout, donnant au paysage air de désolation. Pas de grandes et belles maisons ici.
 Plutôt des shotgun houses (voir message du blog "Home, sweet home" fin mars), des mobilhomes et quelques hogan, l'habitation ronde traditionnelle indienne. Et quand même un quartier de maisons pas trop mal.



On n'est pas parqués devant le supermarché que déjà, un pauvre bougre frappe à la fenêtre pour nous demander un p'tit quelque chose. OK, on lui donne. On va boire un truc au Burger King à côté. On n'est pas ressorti qu'un autre pauvre bougre nous rejoint devant la maison et nous demande un p'tit quelque chose. Celui-là, il sent l'alcool à plein nez. pffffff, on donne quand même. Apparemment, ils se sont donné le mot car ils sont une poignée à nous scruter de loin, comme s'ils se préparaient à venir chacun leur tour. On démarre.
Les habitants de la ville de Chinle sont des Indiens Navajos. Je vous raconte leur histoire dans le prochain message.
Allez, on va pas se laisser abattre. Je conclus positif, avec cette photo que j'aime beaucoup



(une sculpture, ou un totem, c'est comme vous voulez) et en allant rejoindre Coluche sur You Tube (misère, misère...) Pas facile de faire rire avec des sujets tabous. Lui, en la matière, c'était le roi!

2 commentaires:

  1. C'esst quoi sur cette photo, Un homme qui se prend pour un oiseau????

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  2. Voilà, comme à chaque fois que je vais sur votre Belle Aventure, j'ai la larme à l'oeil ! Bon le plus souvent c'est de bonheur en vous voyant si heureux et épanouis dans votre beau voyage ! Cette fois, c'est un peu des deux, il y a la tristesse de constater que on qu'on soit le monde ne change pas et que la misère est partout et la joie de constater que tout n'est pas perdu car par chance, il y a encore des gens qui ont un coeur "gros comme ça", gros comme les vôtres.
    Sylvie je suis certaine que tu n'as pas perdu tes espérances de jeune fille et qu'au fond de toi tu restes celle qui voudrait sauver le monde. C'est clair, comme nous tous avec plus d'énergie certains jours que d'autres, mais avec toujours cette envie de justice et d'une terre belle pour tous. D'ailleurs n'as-tu pas rencontré un mari avec un coeur d'or ? Et voilà, vous avez fait des enfants qui vous ressemblent et qui ressortiront de ce beau voyage avec la vision d'un monde qui peut s'ouvrir aux autres, qui sait comprendre les autres même quant on parle pas la même langue et si en plus, Marie a des idées de croisades pour la paix et l'égalité, je la suis.
    Bon je ne m'en cache pas, j'ai encore gardé le secret espoir qu'un jour je pourrais changer les choses et apporter un peu de bonheur autour de moi. Bon... les gens comme moi gagnent pas souvent à la loterie (sauf à celle du coeur car avec les amis qui nous entourent et nous soutiennent on est millionnaires depuis longtemps), mais je sais déjà comment je dépenserais ces sous tombés du ciel et c'est la joie que je pourrais faire partager qui m'apportera le plus de satisfaction.
    Votre voyage et la manière dont vous savez vous ouvrir aux personnes que vous rencontrez c'est une histoire merveilleuse. Vos deux nanas ont toutes les chances de devenir des belles personnes, généreuses, ouvertes, tolérantes et gentilles. C'est un bel espoir et un exemple à suivre pour que le monde devienne meilleur et plus simple pour les laissés pour compte.
    Ici, en Andalousie, c'est un peu moins loin, mais la solidarité et l'entraide sont les maîtres mots pour que chacun puisse vivre avec un peu de dignité. Ceux qui ont à manger n'hésitent pas à partager leur part avec ceux qui ont un peu moins et les objets sont rarement jetés dans les poubelles, mais plutôt délicatement posés à côté au cas où ils seraient encore utiles à quelqu'un et ce... sans arrières pensées. C'est normal. Vous pensez bien, on se sent bien ici !
    Encore merci la famille pour ces jolis messages et les filles... accrochez-vous à vos rêves et à vos espoirs, si on est beaucoup on y arrivera.
    On vous embrasse bien fort comme on vous aime et on vous souhaite encore plein de beaux moments et de belles rencontres.

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